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Les variantes comportementales en sexualité



 Normalité ou dysfonctionnement ?




Introduction

                        En sexualité, les variantes comportementales se voient très souvent énumérées et classées dans des présentations étiquetées autrefois " perversions sexuelles ", ou, aujourd'hui, " paraphilies ", ce qui suppose une sexualité de référence qui serait correcte, ou une " philie " qui serait normale. Mais les normes ainsi sous-entendues sont-elles bien médicales ?


Définition

                        La sexualité, pour le médecin sexologue, est l'ensemble des comportements que l'espèce humaine a développés - à partir de la base qu'offrait la reproduction de l'espèce - afin que les individus se procurent du plaisir.

L'enrichissement de la sexualité humaine est parallèle à celui des autres fonctions vitales : la survie individuelle (se nourrir), et la protection individuelle (personnelle par l'habitat et les vêtements, ou dirigée contre les prédateurs par les armes défensives ou offensives). Cet enrichissement s'intègre aussi dans celui de tous les plaisirs offerts par nos cinq sens (musiques, parfums, couleurs, goûts, sensations tactiles…). Si bien que, aujourd'hui, notre sexualité, comme notre façon de nous nourrir, de nous vêtir, de nous battre ou de chasser, n'a plus grand-chose à voir avec celle des autres mammifères.


La norme juridique

                        Les critères de normalité pénale définissent les délits et les crimes. Ils sont fondés sur deux principes généraux de notre vie sociale : " la liberté de chacun s'arrête où commence celle d'autrui ", et " entre adultes consentants ". On trouve, par exemple, par rapport au premier principe, l'exhibitionnisme, par rapport au second, la pédophilie ou le harcèlement et le viol.


La norme médicale

                        Les variantes comportementales, en tant que telles, ne concernent pas le médecin, qui doit simplement se contenter de veiller à la santé physique et psychique de ses patients. Il s'occupera donc des :

- dysfonctionnements : vaginisme, dyspareunie, trouble de l'érection, anorgasmie… Le cas de l'absence de maîtrise de l'éjaculation est particulier, puisque, due à un défaut d'apprentissage, elle ne relève pas plus du médecin que les chutes quand on apprend à marcher, ou les fausses notes quand on apprend le piano.

- comportements qui engendrent une souffrance : addictions sexuelles, TOC, masturbation compulsive… La baisse du désir, l'exhibitionnisme, le fétichisme, le masochisme, le sadisme, le voyeurisme etc. ne sont du domaine médical que s'ils sont " à l'origine d'une souffrance cliniquement significative ou d'une altération du fonctionnement social, professionnel ou dans d'autres domaines importants " (DSM-IV).

- comportements des personnalités perverses.

- dysfonctionnements et comportements qui sont les conséquences de maladies physiques ou psychiques, ou de traitements particuliers.

- suivis de délinquants ou de criminels sexuels, d'après une législation récente.


Conclusion

                        Confronté aux difficultés et aux souffrances sexuelles de ses patients, le médecin doit rester dans son domaine de compétence, la santé physique et psychique, et se garder de se laisser dominer par ses goûts, ou ses idées reçues. Mais si le risque d'intervenir hors de propos est constant, grand est aussi le risque de se défausser de ses responsabilités : " Il faut convaincre de nombreux psychiatres que les délinquants sexuels sont souvent des malades qui relèvent bien de la médecine, et pas des pervers au sens clinique du terme pour lesquels la psychiatrie ne peut rien " (Dominique Perben, Garde des Sceaux, in Le Quotidien du médecin, n°7703, mardi 8 mars 2005).


Docteur Yves Ferroul, Metz, 2006



  

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