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L’homosexualité est-elle contre nature ?



      Le mot « sexualité » désigne deux réalités différentes, soit le comportement relatif à la reproduction d’une espèce, soit le jeu avec l’excitation sexuelle du corps pour le plaisir. Si dans la reproduction il est nécessaire d’être une femme et un homme, dans le plaisir on peut être aussi deux femmes, ou deux hommes. Certains pensent qu’il y a dans ce cas anomalie, comportement « contre nature », le naturel étant ce qui est conditionné par le biologique, donc la reproduction.

Quand nous voulons dire que quelque chose ne nous apparaît pas « naturel », nous avons plusieurs mots pour l’exprimer. Et le choix entre ces mots n’est pas anodin. Nous dirons par exemple d’un phénomène qu’il est « surnaturel » pour marquer notre impossibilité de comprendre (un miracle), ou notre admiration (une beauté surnaturelle). Nous appellerons « artificiel » un objet qui n’existe pas d’emblée dans la nature: il y a la soie naturelle et la soie artificielle. « Contre nature » témoigne de notre refus, de notre répulsion (il est contre nature qu’une mère rejette son enfant). Tandis que si la question nous laisse plutôt indifférent, nous affirmerons seulement que ce n’est pas naturel, sans plus. Mais si l’on croit que l’homosexualité n’existe pas dans la nature, pourquoi ne pas la qualifier simplement d’artificielle comme nous le faisons pour le nylon ? Elle ne serait logiquement pas plus « contre nature » que ce produit ! Il y a donc déjà un jugement moral avant toute réflexion !

Ce raisonnement est fou : au nom de quoi tous les actes humains ou tous les plaisirs doivent-ils être liés à la fécondation ? Prendre du plaisir à un concert, au restaurant, à jouer de la flûte ou à la pétanque serait contre nature ? Ou, en sexualité, embrasser, caresser, choses qui ne provoquent pas de grossesses, seraient contre nature ?

Si l’on argue que ce qui est contre nature c’est l’usage particulier qui est alors fait des organes concernés, on revient au problème plus général : existe-t-il un usage naturel des parties du corps humain qui entraînerait la disqualification de tout autre usage ? Les jambes sont faites pour marcher, mais est-il contre nature, et donc répréhensible moralement, de les utiliser pour nager, sous prétexte que ce n’est pas de la nature de l’homme de vivre dans l’eau ?

Plus fondamentalement, on peut dire que la multitude des plaisirs « gratuits » dans la vie de l’espèce humaine prouve au contraire que c’est bien dans la nature de cette espèce d’avoir travaillé à se libérer des contraintes instinctives et d’avoir multiplié les activités orientées uniquement ou essentiellement vers le plaisir, comme composer un bouquet de roses, se promener dans un parc, visiter un musée. Et faire l’amour. Même certains singes se sont libérés des cycles naturels et ont une sexualité de jeu : les Bonobos ont des femelles essentiellement homosexuelles qui repoussent les mâles entreprenants, d’autres bisexuelles sans état d’âme, d’autres hétéros sans complexes. Pour l’espèce humaine, l’évolution est plus poussée, et dans de multiples domaines : la quasi totalité de nos activités quotidiennes n’ont plus rien à voir avec les instincts primaires de survie de l’espèce ou des individus.


Aucune preuve rationnelle ne peut donc être donnée pour étayer une proposition du type : "l'homosexualité est contre nature". On se retrouve plutôt devant un faisceau d'arguments qui amènent à considérer qu'il n'est pas injustifié de penser que l’homosexualité est tout à fait naturelle.

  

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