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Petite histoire de la


JALOUSIE AMOUREUSE



(Yves Ferroul, article paru dans Sexualités Humaines, Revue de sexologie des professionnels de santé, n° 3, 4è trimestre 2009)


La jalousie amoureuse est le fait de qui veut pour lui l’exclusivité des relations affectives et physiques de l’être aimé. Il s’agit d’une passion difficilement contrôlable, pouvant s’emparer de toute personne qui ne respecte pas viscéralement la liberté d’autrui, même quand celle-ci s’exerce à son détriment.

En dehors des cas graves de jalousie morbide, signe d’un trouble psychiatrique profond, l’expression sociale de la jalousie est modulée par les usages du groupe, et ceux-ci ont varié dans l’Histoire.

Pour le couple conjugal, la gestion de l’infidélité, cause possible de jalousie, dépend de l’importance accordée à la sexualité et au sentiment amoureux dans sa constitution : comme elle a été longtemps nulle, de l’Antiquité gréco-romaine au XIXè siècle, le fait d’aimer un tiers n’était pas dangereux, et la jalousie éventuelle n’était pas de bon ton. L’amour-propre, comme le sens de l’honneur ou du ridicule, ont eu des contenus extrêmement variables, et la fidélité du conjoint en a rarement fait partie, alors que le jaloux a toujours été ridicule, et la jalousie, une tare à cacher.

Pour le couple d’amants, la jalousie est un piège, et elle peut tout briser : moralistes et auteurs de fictions multiplient donc les conseils pour que le jaloux sache en atténuer les conséquences négatives pour lui, et, plus cyniquement, pour que chacun pense à utiliser à bon escient cette arme contre l’autre.

Aujourd’hui, les règles du jeu ont un tant soit peu changé, et notre société contemporaine, valorisant la relation amoureuse au point d’en faire une clé du bonheur, tend à donner une place privilégiée à la jalousie comme signe du sérieux de l’attachement.


I-. La Bible

                   Dans l’Ancien Testament, le mot jaloux apparaît environ 24 fois (selon les traductions), et jalousie, 33 fois. (1)

Parmi ces emplois, 4 concernent le sentiment d’envie envers quelqu’un qui a plus de succès :

Seuls deux groupes de références concernent la jalousie conjugale (Proverbes 6 et Nombres 5), mais aucun récit ne concerne la jalousie amoureuse, celle d’une personne qui aime mais a un rival.

Toutes les autres références concernent Dieu ou, trois fois, quelqu’un qui éprouve le même type de jalousie que Dieu, tel Aaron (Nombres 25, 11 et 13 ; 11, 29 ; cf. aussi Isaïe 11, 13).


a-) La femme n’est qu’un bien de l’homme

Dans le couple de l’Ancien Testament, la femme est l’un des biens possédés par l’homme. Les Dix Commandements en font un des biens que l’on ne doit pas dérober aux autres Hébreux (au même titre que maisons, serviteurs et bétail, Exode 20, 17), mais donnent à la femme un statut particulier parmi ces biens puisqu’ils lui consacrent une autre interdiction : il n’est pas seulement interdit de s’emparer de la femme d’un autre Hébreu, il est aussi interdit d’en jouir. Le sixième commandement, « tu ne commettras pas d’adultère », est explicité par le Lévitique 18, 20 : « tu n’auras pas de relation sexuelle avec la femme de ton compatriote ». C’est-à-dire qu’un homme hébreu a le droit d’avoir des rapports avec toutes les femmes qui lui appartiennent (épouses multiples, concubines, servantes) ainsi qu’avec les femmes indépendantes (prostituées, certaines veuves…), ou encore avec les femmes des étrangers, dont il peut s’emparer, mais pas avec celles qui appartiennent à un autre homme de son peuple.

Ce type de lien avec l’épouse est nettement explicité par plusieurs anecdotes des vies d’Abraham ou de Moïse, entre autres. Ainsi, au chapitre 12 de la Genèse, Abraham, marié à Sara, va en Égypte. De peur que Pharaon ne s’éprenne de la beauté de Sara, et ne le tue comme gêneur, il demande à sa femme de se faire passer pour sa sœur. Pharaon, comme prévu, est attiré, prend Sara dons son harem, et comble de biens son frère Abraham. Quand il apprend que ceux-ci sont mariés, Pharaon renvoie Sara et chasse Abraham, qui repart d’Égypte avec son épouse. Abraham a donc réellement agi comme le propriétaire de Sara, en l’échangeant contre sa vie et des cadeaux ; puis, la reprenant quand on la lui rend. Moïse, lui, répudie sa femme et la chasse avec leurs enfants (Exode 18,2), rejetant un bien dont il ne voulait plus désormais. Il n’est nulle part question d’amour ou de jalousie amoureuse dans ces situations-là.

Donc, l’homme dont la femme a eu des relations avec un autre homme sans qu’il le veuille n’est pas trompé mais spolié, et peut en éprouver de la colère. Les cas évoqués dans la Bible sont très rares : Putiphar, haut fonctionnaire de Pharaon, « s’enflamma de colère » contre Joseph que son épouse accuse, mais le texte ne parle pas de jalousie. À plus forte raison, une épouse ne peut être jalouse des relations de son mari avec d’autres femmes, puisqu’elles sont de droit, et la règle. Par exemple, quand Sara s’oppose à la servante qui vient de donner un fils à Abraham, ce n’est pas par jalousie amoureuse, mais parce que cette servante, qu’elle a offerte elle-même à son mari d’ailleurs, une fois mère, se croit supérieure à sa maîtresse stérile et ne la traite plus avec tout le respect qu’elle lui doit : la servante lui fait injure et provoque sa colère (Genèse 16).

Quant au roi David, lorsque son fils Absalon profite d’une de ses absences pour coucher publiquement avec ses concubines, sa réaction ne relève pas de la jalousie mais du respect des interdits : il ne touche plus aux femmes avec qui son fils a eu des rapports (2Samuel 16, 22 et 20, 3).

En conclusion, la jalousie amoureuse n’apparaît dans aucun récit de l’Ancien Testament, car le couple n’y est fondé ni sur l’amour ni sur un engagement réciproque, mais sur l’acquisition d’un bien par un homme.


b-) Le Dieu jaloux

Si l’Ancien Testament ne raconte pas d’histoires de maris ou d’épouses en prise à la jalousie, il parle tout de même beaucoup de jalousie. En effet, la première caractéristique attribuée au Dieu unique d’Israël est d’être un Dieu jaloux, qui veut son peuple pour lui tout seul, et n’accepte aucune entorse à l’obligation de le servir lui seul, à l’exclusion de tout autre dieu : « Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux et tu ne les serviras pas, car c’est moi le Seigneur, ton Dieu, un Dieu jaloux… » (Exode, 20, 5).

Le Dieu d’Israël peut être jaloux car il y a un contrat entre son peuple et lui, un engagement réciproque : l’idolâtrie est donc une infidélité à cet engagement (alors qu’il n’y a aucun engagement de fidélité entre époux).

De plus, cette jalousie de Dieu est liée à sa colère et à des châtiments fermes, voire très violents.

Déjà l’énoncé du Deuxième Commandement précisait : « … (un Dieu jaloux) poursuivant la faute des pères chez les fils sur trois ou quatre générations… » (Exode 20, 5).

Par la suite, un grand nombre d’occurrences lient jalousie et colère, comme par exemple « le Seigneur ton Dieu est un Dieu jaloux. Prends garde que la colère du Seigneur ton Dieu ne s’enflamme contre toi, et qu’il ne t’extermine de la surface de la terre » (Deutéronome, 6, 15) ; ou encore : « ils verront ton zèle pour le peuple, et ils seront confondus, dévorés par le feu destiné à tes ennemis » (Isaïe 26, 11). La colère amène le châtiment, qui peut être aussi la mutilation (« j’exercerai ma jalousie contre toi ; ils agiront envers toi avec fureur ; ils te couperont le nez, les oreilles, et ce qui subsistera de tes habitants tombera par l’épée » Ézéchiel, 23, 25) ou une série de catastrophes naturelles (« Dans ma jalousie, dans le feu de ma furie, je le dis : oui, ce jour-là, il y aura un grand tremblement de terre sur le sol d’Israël. … chacun tournera l’épée contre son frère. J’exercerai le jugement contre lui par la peste et par le sang ; je ferai pleuvoir sur lui … une pluie diluvienne, du grésil, du feu et du soufre » Ézéchiel 38, 19-22).

Ce sont de tels textes qui, dans notre civilisation, amèneront un comportement indulgent envers les excès de brutalité des jaloux, puisqu’après tout Dieu lui-même donne l’exemple, et être sous l’emprise de la jalousie quand on frappe ou tue a longtemps été considéré comme une circonstance atténuante.

Des humains peuvent ressentir le même amour exclusif, comme le prophète Élie : « j’ai été saisi d’une ardente jalousie pour le Seigneur Dieu. Les fils d’Israël ont abandonné ton alliance… » (1Rois 19,10) (autre traduction : « je suis rempli d’un zèle jaloux… »).

Et Paul, dans le Nouveau Testament, reprendra à son compte cette image, affirmant se comporter avec les nouveaux baptisés comme le Dieu jaloux avec son peuple, d’être animé par une jalousie divine car « je vous ai fiancés à un époux unique » (2Corinthiens 11,2).


c-) La jalousie du mari envers son épouse adultère

Puisque les textes les plus anciens sont ceux qui parlent de la jalousie de Dieu, comme le Décalogue, il semble que ce soit le parallèle entre le désir que Dieu a de posséder exclusivement son peuple et celui du chef de famille de posséder exclusivement son épouse qui a amené moralistes et législateurs à parler, par métaphore, de la jalousie du mari. À l’image du sentiment divin dont la violence est extrême, la jalousie humaine sera présentée par les premiers comme une sorte de rage plus forte que la fureur ou la colère : « la fureur est cruauté, la colère débordement, mais contre la jalousie, qui tiendra ? » (Proverbes 27,4)

Si donc il faut proscrire l’adultère, c’est que le concitoyen abusé va réagir avec une violence qui détruira l’équilibre du clan : « Car la jalousie excite la rage du mari et il sera sans pitié au jour de la vengeance. Il n’envisagera aucune compensation. Il n’en voudra pas, même si tu multiplies les offres. » (Proverbes 6,34-35).

Pour canaliser cette violence, le législateur éprouve le besoin de codifier un rituel de réconciliation très détaillé : « Si l’esprit de jalousie, venant sur le mari, le rend jaloux de sa femme qui s’est effectivement déshonorée, ou encore si cet esprit de jalousie le rend jaloux de sa femme innocente… », cet homme se présentera devant le prêtre avec sa femme et une offrande, et le prêtre prononcera des formules d’imprécations précises en imposant les mains sur la tête de la femme. (Nombres 5,14-29)                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

On reste bien là dans le cadre d’une faute contre l’ordre public, avec sa réparation officielle, et rien n’évoque une blessure d’amour personnelle et intime.


II-. L’Antiquité gréco-romaine

                                                Grecs et Romains font peu de cas du mariage et des femmes. Les maris ne se sentiront donc pas concernés affectivement par la conduite sexuelle de leurs femmes, et les femmes, dont les maris peuvent avoir des rapports avec des concubines ou les esclaves, ne vont pas être jalouses d’eux. Les récits mythologiques, les plus anciennes sources pour comprendre les préoccupations humaines de l’Antiquité, témoignent de cet état de fait.

Par exemple, quand Héphaïstos découvre que sa femme, Aphrodite, est l’amante d’Arès, il est furieux et veut provoquer un scandale public : mais la vue des amants unis entraîne seulement le rire des dieux, et Zeus est même mécontent d’avoir été dérangé pour une simple dispute conjugale. Le seul jaloux est Poséidon, qui s’enflamme d’amour à la vue de la beauté d’Aphrodite et éprouve de la jalousie envers l’amant comblé, Arès. Le mari apparaît ridicule de causer tant de bruit pour si peu, et personne ne prend son parti.

De même, les femmes abandonnées par un mari ou un amant volages (Phèdre, Ariane, Médée…) sont purement et simplement furieuses d’être traitées de la sorte, insultées dans leur fierté, dans leur honneur. Et une Pénélope ne s’imagine pas jalouse des conquêtes féminines de son Ulysse !

Finalement, la jalousie va apparaître dans les récits de fiction, et notamment les romans, en liaison avec l’amour passion : la femme ou l’homme qui est pris d’un amour passionné va aussi éprouver de la jalousie, va avoir peur que l’être aimé en aime un autre, se laisse séduire par un autre. Le couple conjugal n’étant toujours pas fondé sur l’amour, ce n’est pas en lui que peut naître et croître la jalousie, mais entre amants.

C’est cette réalité de la jalousie que, au début de notre ère, un poète va théoriser. Dans son Art d’Aimer, Ovide commence par conseiller aux hommes qui recherchent les aventures amoureuses : « Amusez-vous, mais soyez prudents », afin de ne pas donner d’aliments à la jalousie. S’ils sont découverts, ils doivent nier, ne pas changer leurs habitudes amoureuses (tout changement nourrissant les soupçons), continuer à faire l’amour (meilleure preuve qu’ils ne l’ont pas déjà fait auparavant), quitte à recourir à divers remèdes pour en rétablir la possibilité ! D’ailleurs la fidélité n’est pas toujours un avantage, certaines femmes ne sont pas touchées par une trop grande soumission et leur amour tiédit faute d’une rivale : « quand le cœur languit dans l’indolente torpeur de la sécurité, il faut employer des aiguillons pénétrants pour réveiller l’amour. Arrange-toi pour que ton amie ait des inquiétudes sur ton compte… ». Si c’est l’amie qui est infidèle, si l’on a un rival, l’idéal est de tout supporter avec patience, même si cela s’avère difficile, de laisser à son amie le loisir de cacher ses infidélités : « le mieux est de tout ignorer… (et il faut) éviter de surprendre vos maîtresses ». Car « c’est croître l’amour de deux amants que de les surprendre ».

Aux femmes, Ovide donne le même conseil de provoquer la jalousie : quand va-t-on plus vite à cheval ? Dans une course, « quand on a des rivaux à dépasser ou à rejoindre ! » Il faut donc faire croire à son amant qu’il a des rivaux…

On le voit, la jalousie n’est pas prise au sérieux, comme souffrance liée à l’amour. Car l’amour lui-même n’est pas pris au sérieux dans ce livre qui parle seulement de « drague », de recherche d’aventures sexuelles multiples, et non d’attachement durable et profond entre deux êtres. Pour Ovide, s’appuyant sur de nombreux exemples légendaires, la passion amoureuse mène à la mort et doit donc être évitée à tout prix. Dans une telle optique, la jalousie est réduite à la rivalité qui pimente le jeu de la conquête. (9)

Quant à Cicéron, il avait donné sa propre définition de la jalousie : « maladie qui vient de ce qu’un autre possède ce que soi-même on désire (concupiverit) ». La jalousie dépend ainsi pour lui d’une des formes de l’envie, de l’attrait éprouvé pour quelqu’un, c’est-à-dire de ce que l’on appellera l’amour de concupiscence. Une maladie, donc, et non un critère de qualité et de force du sentiment amoureux.

En somme, la jalousie évoquée dans l’Antiquité reste un sentiment frustre, au pire une colère brutale et violente, irréfléchie ; au mieux, un piment dans la drague. Les tourments vécus par le jaloux, les états psychologiques multiples par lesquels se traduit sa passion n’attirent l’attention de personne. Le jaloux n’est pas un être intéressant.


III-. Les philosophes chrétiens et le Moyen Âge


Le Moyen Âge sera la période qui s’intéressera au jaloux et s’efforcera d’explorer la complexité de sa psychologie.

À partir des IIIè et IVè siècles de notre ère, les responsables chrétiens construisent une philosophie spécifique, adaptée à leurs croyances religieuses. Leur réflexion rencontre le problème du mari jaloux, et ils vont l’aborder de deux façons différentes selon qu’ils mettent l’accent sur le côté matériel ou sur le côté spirituel de la jalousie.

a-) Pour les uns, le mari jaloux est une personne dominée par la cupidité, par l’avarice, au point de perdre la caractéristique la plus précieuse de l’esprit humain, la liberté : le mari jaloux est un esclave de sa passion, n’est plus capable de penser et d’agir librement. Il est moralement fautif car il sacrifie des valeurs plus hautes afin de posséder exclusivement sa femme ainsi que, comme l’ajoutent les penseurs médiévaux, les biens qui vont avec cette possession de l’épouse (richesse et pouvoir, plaisir sexuel). En somme, il est accaparé par le monde matériel.

Un tel personnage attire les sarcasmes, il est vite ridicule, il fait rire de lui.

b-) Pour les autres, le mari jaloux est, à l’image du Dieu jaloux, quelqu’un qui a la volonté d’être plus complètement charitable, qui met en premier la préservation des valeurs spirituelles. Incapable de supporter que sa femme ait commis un péché, il est jaloux parce qu’il l’aime et la veut pure, sans faute : ce qui le préoccupe, voire l’obsède, c’est le salut de son âme à elle. S’il la punit, il agit en homme pieux, pour son bien à elle, à l’imitation du Dieu jaloux d’Israël qui a puni son peuple lors de ses infidélités. En effet, la jalousie de Dieu est considérée comme l’expression de sa charité et de sa justice : c’est la jalousie de Dieu qui empêche l’adultère du peuple. Le jaloux modèle, c’est Dieu.

La définition de Cicéron faisait déjà de la jalousie une composante du désir amoureux. Pour Augustin, elle devient un aspect de l’amour de charité : « qui non zelat, non amat » (qui n’est pas jaloux n’aime pas). Les époux doivent s’aimer avec le même zèle jaloux que Dieu dans son amour pour son peuple. Mais, dans leur amour pour Dieu, les humains n’ont pas à craindre l’infidélité de leur créateur : cet amour est donc plus pur que tout amour entre humains. C’est pourquoi le même Augustin pourra affirmer : « le premier défaut du mariage, ce sont les soupçons de la jalousie conjugale (zeli conjugalis) que l’on n’a pas quand on est marié au Christ ». Le célibat et la consécration à Dieu sont donc supérieurs au mariage parce qu’ils ne laissent aucune place à la jalousie.

Si les théologiens réfléchissent principalement sur le sens spirituel de la jalousie, les auteurs de fictions, eux, sont plus séduits par les possibilités narratives et comiques qu’offre le personnage obsédé par la possession matérielle. Le jaloux est dépeint comme un être avide, aimant d’un amour excessif et désordonné, poussé notamment par la passion de la possession sexuelle, donc dominé par la luxure.

Son avidité dans la possession de sa femme est considérée comme un point particulier de son avidité envers tous les biens matériels en général. Très vite, le jaloux et l’avare sont équivalents, et enfermer sa femme mis en parallèle avec enfermer son or. Mais alors le comportement du jaloux apparaît comme dicté par le diable, et le XIIIè siècle évoquera le « serpent jalousie ».

Le personnage du jaloux est donc un personnage caricatural, un des mauvais des histoires, un de ceux qui entravent le bonheur de l’héroïne ou du héros.

Les chansons des troubadours n’ignorent pas le jaloux. Guillaume IX, vers 1100, évoque un seigneur qui a enfermé son épouse afin de la soustraire à tout regard : ce comportement est tellement choquant que son suzerain s’estime en droit de rallier ses chevaliers pour attaquer le jaloux et délivrer la prisonnière. Quant au chevalier servant qui se voit préférer un rival, il ne peut que manifester du dépit, n’étant pas en position d’imposer quoi que ce soit à la dame sous l’autorité de laquelle il s’est placé.

Dans ses contes, Marie de France sait profiter de la valeur pathétique de l’épouse enfermée dans un donjon par un mari jaloux, et qui ne peut s’évader que par le rêve ou par l’intermédiaire d’oiseaux venant lui rendre visite à sa fenêtre (cf. la légende de l’Oiseau Bleu). Les caractéristiques du jaloux sont limitées à la colère et à la cruauté de la vengeance. Parfois la jalousie est expliquée par la différence d’âge : « le mari était follement jaloux, comme tous les vieillards le sont naturellement, – chacun a horreur d’être cocu ; mais l’âge oblige à passer par là ». (7)

Dans les romans, la peinture du jaloux peut être plus détaillée, et certains auteurs nous donnent des personnages à la psychologie fouillée, aux comportements examinés de façon minutieuse. C’est un fou qui nous est alors présenté, quelqu’un qui n’a aucune maîtrise de ses pensées comme de ses actes. Dans Le Roman de Flamenca, le mari est constamment angoissé, une douleur cuisante toujours présente au fond de l’âme, « envahi par un mal qui le fait souvent extravaguer », obsédé par ses pensées. Agité de façon désordonnée, le regard « béant », il ne comprend rien à rien, peste et bougonne toute la journée. Il passe son temps à soupçonner le premier venu de convoiter sa femme et de chercher à la séduire. « S’il voir quelqu’un parler avec sa femme, il lui semble qu’il doit lui faire la chose sur l’heure ». Il interprète tout acte négativement. Il se tire les cheveux, se pèle les joues, se mord les lèvres, grince des dents… L’extravagance de sa conduite devient le sujet de mille chansons moqueuses. L’auteur offre ainsi un des tableaux les plus saisissants de la dégradation d’un être par la jalousie. (5)

Le Roman de la Rose, roman allégorique de la quête amoureuse, présente un long monologue du mari jaloux énumérant tout ce qu’il imagine que fait sa femme dans son dos, poussée par sa coquetterie et son goût des sorties : complètement dépassé, il finit par fantasmer de pouvoir la battre pour la corriger. Mais le personnage d’Ami reprend Ovide pour conseiller de ne pas adresser de reproches à la femme que l’on soupçonne, de faire semblant d’être aveugle, de ne pas se mêler de lire le courrier : « que celui qui veut jouir des bonnes grâces d’une femme lui laisse toujours de la liberté, qu’il ne la tienne jamais cloîtrée ; au contraire, elle doit aller et venir comme elle veut, car si on veut l’empêcher d’aller et venir à sa guise, qu’il s’agisse de l’épouse ou de la maîtresse, on en a vite perdu l’amour ». Le personnage de Jalousie n’est pas du même avis : « Je vais construire une forteresse où enfermer mes roses pour les protéger des vauriens qui les flattent pour les déshonorer. » Pourtant, la suite le montrera, c’est Ami qui a raison, car, de toute façon, « jamais femme ne sera assez sage et n’aura le cœur assez ferme, assez loyal ou assez mûr, pour qu’un homme pût être assuré de la retenir, quelle que soit la peine qu’il y mette ». (6)

S’il y a dans les romans des maris veillant avec un soin jaloux sur leurs épouses, même innocentes, même en dehors de tout risque, les personnages féminins, eux, ne sont éventuellement jaloux que si se présente une rivale. Ainsi Yseut aux Blanches Mains, l’épouse de Tristan, devient jalouse quand elle apprend quels liens profonds unissent la reine Yseut et son mari : elle cachera donc l’arrivée de la reine à son époux malade, et causera sa mort. Sa jalousie se manifeste seulement par de la colère et un désir de vengeance : « Elle ressent dans son cœur une très grande colère d’avoir tant aimé Tristan alors qu’il s’est tourné vers une autre … Elle perd la joie de l’aimer… À la première occasion, elle se vengera fort cruellement de l’être qu’elle aime le plus au monde. » (11)

Cependant de grands personnages n’éprouvent pas de jalousie dans le cadre conjugal. Ainsi le roi Marc sait que sa femme Yseut est l’amante de son neveu Tristan et n’éprouve aucune jalousie, alors qu’il l’aime profondément. S’il cherche parfois à séparer les amants, c’est parce que ses conseillers insinuent que Tristan veut prendre sa place sur le trône, et non par dépit amoureux. De même le roi Arthur n’est pas jaloux de son épouse, la reine Guenièvre, ni de l’amant de celle-ci, Lancelot.

Quant à Tristan, il est un des rares personnages masculins à être jaloux d’un rival. Sa jalousie ne vise pas le roi Marc, qui a pourtant toujours une vie sexuelle avec la reine Yseut, mais, pendant son exil loin d’Yseut, Tristan devient jaloux de Cariadoc, un beau chevalier resté à la cour dans l’entourage de la reine. Et sa jalousie le poussera à des conduites folles afin de revenir voir son amante, et se rappeler à son souvenir. (11)

Donc, pour être jaloux dans un roman il faut éprouver un fort sentiment d’amour et, en plus, vouloir l’exclusivité des échanges amoureux avec l’être aimé.

Dans la réalité, les mariages n’étant pas fondés sur l’amour, il n’y a pas de sentiment amoureux entre conjoints, et donc pas de jalousie. Seule pourrait intervenir une volonté contre nature de possession exclusive de l’autre qui amènerait à désirer le garder pour soi seul. Mais une telle volonté ne peut s’exercer de fait qu’à l’intérieur d’un système de rapports de force : si l’épouse est puissante (par sa supériorité sociale, par ses appuis – père, frères, oncles –, par sa richesse), le mari ne peut rien lui imposer, et c’est même elle qui peut dicter sa loi. Si l’épouse est démunie, le mari agit à sa guise, et sans freins.

Par exemple, le roi Louis VII épouse à quinze ans Aliénor, un peu plus jeune, selon des arrangements imaginés par leurs conseillers. Il finit par devenir amoureux de sa femme, au point de l’emmener à la croisade avec lui. Mais Aliénor s’éprend d’un autre seigneur : Louis VII est malheureux, la supplie, fait intervenir le pape… Rien n’y fait, et il est, même lui, le roi de France, obligé d’accepter la liberté de son épouse, puissante duchesse d’Aquitaine.

Curieusement, on attribue au Moyen Âge l’invention de la ceinture de chasteté, symbole de la jalousie des maris, surtout des chevaliers partant aux Croisades. En réalité, les premières ceintures sont mentionnées en Italie du Nord, au début du XVè siècle, 150 ans après la dernière croisade, et sont le choix de femmes qui veulent se protéger de viols pendant leurs déplacements. Le seigneur médiéval, comme tout chef de famille, à tous les niveaux de la société, a une vie sexuelle libre, signe de son pouvoir, et son épouse est sexuellement libre dans la mesure de son propre pouvoir à elle. La jalousie dans le couple est le fait de personnes malades, possessives à l’excès. Sinon la jalousie est le fait d’amants passionnés en situation de rivalité.

Le cas de personnalités religieuses apporte au sujet une illustration intéressante.  Tel saint Anselme (1033-1109), prieur du Bec, archevêque de Canterbury : bien que « tout acquis à l’idéal du célibat monastique, il eut des relations émotionnelles d’une extraordinaire intensité », et fut extrêmement jaloux. Dans une lettre à un autre religieux dont il est provisoirement éloigné, il écrit : « Notre séparation même vous a assuré la compagnie d’un autre que vous n’aimez pas moins – peut-être plus – que moi ; alors que je vous ai perdu et qu’il n’y a personne pour occuper votre place. Ainsi vous goûtez votre consolation, alors qu’une cuisante douleur est mon unique lot ». (cité par Boswell, 4)

Saint Aelred (1109-1167), lui, raconte comment il a été tourmenté par la jalousie parce que sur son lit de mort Simon, le moine qu’il aimait, avait appelé un autre moine et non lui (De speculo caritatis, I, 34, 107). (3)

Abélard, le grand philosophe européen du XIIè siècle, s’est vu accuser de jalousie excessive par les critiques modernes, notamment féminins. Après sa castration, il décide de se retirer dans un monastère et oblige en effet son épouse à agir de même alors qu’elle pouvait rester dans la vie laïque. « C’est qu’il en était jaloux, et qu’il n’avait pas confiance dans sa fidélité », commentent-ils, y voyant un signe de son machisme et de sa misogynie. En fait, nous avons là le parfait exemple de la « jalousie spirituelle » théorisée par les théologiens : époux d’Héloïse, Abélard, par son mariage, avait pris la responsabilité du salut de sa femme. Il ne pouvait la laisser sans sa protection, et sans aucune autre protection, face à une famille qui tenterait tout pour retrouver un bon parti à la femme du clan demeurée seule : ce qui aurait amené Héloïse à être adultère et à perdre son âme. Il était du devoir de son époux de lui assurer le type de vie le plus propre à lui permettre d’éviter la damnation éternelle. (2)


IV-. De Montaigne à Stendhal, les avatars de la jalousie classique


1-) Montaigne

Au XVIè siècle, Montaigne traite de la jalousie dans ses Essais (livre III, chapitre V). Pour lui, elle est la plus vaine des maladies qui affligent les âmes humaines, celle qui provoque le plus de désordres : « celle-là, et l’envie, sa sœur, me semblent les plus ineptes de la troupe ».

La jalousie naît du soupçon de l’infidélité ou de la découverte de sa preuve. Mais tout le monde ne se laisse pas emporter par elle : « Lucullus, César, Pompée, Antoine, Caton et d’autres braves hommes furent cocus, et le surent sans provoquer de troubles ». Car la jalousie reste une variante de la maladie amoureuse, source de haines intestines, de volonté d’exclusivité, de conspirations : « une rage », qui peut aboutir à agir contre son propre intérêt, par exemple à tuer la personne aimée.

Tout jaloux veut empêcher l’autre de le tromper et veut avoir les preuves de la tromperie. Mais ces objectifs sont-ils réalistes ? « C’est folie d’essayer de brider aux femmes un désir qui leur est si cuisant et si naturel », celui de faire l’amour. Comme « c’est folie de vouloir des précisions sur un mal auquel il n’y a point de médecine qui ne l’empire ; dont la honte s’augmente et se publie principalement par la jalousie ». Les vérifications ne font que « arracher de l’ombre et du doute nos malheurs privés, pour les trompeter » et les divulguer, augmentant le mal. D’autant qu’un homme trompé est plaint et non mésestimé, tandis qu’un jaloux est objet de moqueries. Il faut donc éviter de savoir, « être ingénieux à éviter cette ennuyeuse et inutile connaissance », à la manière des romains qui, revenant de voyage, envoyaient un serviteur au-devant d’eux à leur maison « faire savoir leur arrivée aux femmes, pour ne pas les surprendre ».

D’ailleurs, conclut Montaigne, « chacun de vous a fait quelqu’un cocu : or la nature est équilibrée, toute en compensations et en répétitions du même. La fréquence de cet accident en doit aujourd’hui avoir modéré l’aigreur ; le voilà bientôt passé en coutume ! »

En somme, Montaigne parle de la jalousie dans le couple comme d’un désordre source de désordres plus grands encore, qu’il faut donc éviter par tous les moyens, notamment en fermant les yeux, l’infidélité étant, elle, inévitable.

Il n’évoque pas le sentiment amoureux comme origine de la jalousie parce que, pour lui, le mariage est trop sérieux pour être fondé sur l’amour ou sur le désir, sentiments éminemment fugaces, et le lien conjugal se fonde bien plus raisonnablement sur l’estime et une multiplicité d’obligations :

« Un bon mariage, s’il en existe, refuse la compagnie et les conditions de l’amour pour celles de l’amitié. C’est une douce société de vie, pleine de confiance et d’un nombre infini d’utiles et solides devoirs et obligations mutuelles. Aucune femme qui en savoure le goût ne voudrait tenir lieu de maîtresse et d’amante à son mari : si elle est logée en son affection comme femme, elle y est bien plus honorablement et sûrement logée. » « Peu de gens ont épousé leurs amantes qui ne s’en soient repentis. » (Essais, III, V)

Le jaloux, chez Montaigne, n’est pas un amoureux, mais un avide, un homme excessif dans sa volonté de tout posséder exclusivement de sa femme. Et cette attitude attire plus la moquerie que la compassion. (8)


2-) Stendhal

Au XIXè siècle, Stendhal ne parle plus de la jalousie dans le cadre du couple conjugal, et n’évoque son existence que chez des amants : pour lui le sentiment amoureux est devenu le point de départ essentiel de la jalousie. Comme il n’existe toujours pas comme base habituelle du couple conjugal, c’est dans le couple d’amants qu’il faut le chercher, avec son corollaire, la jalousie. Stendhal traite donc de la jalousie comme Ovide, dans le cadre des aventures amoureuses, mais pas avec la même légèreté car, à son époque, l’amour est « la grande affaire, ou plutôt la seule de l’existence ».

Pour lui, la jalousie est « le plus grand de tous les maux », « une des sources les plus fécondes de malheur en amour ». Elle se fonde sur l’existence d’un rival imaginé comblé, et fait perdre la tête. Dans la période de conquête, montrer sa jalousie ne servirait qu’à exciter l’amour du rival en lui apprenant « le prix de la femme qui le préfère à vous ». Il vaut mieux attendre en se faisant discret. Après l’intimité, « il faut encore de l’indifférence apparente, car beaucoup de femmes offensées par un amant qu’elles aiment encore s’attachent à l’homme pour lequel il montre de la jalousie ». « Inquiétez-la, et surtout gardez-vous de l’absurdité des protestations », se rappeler que l’on « gâte tout par l’apparence de la passion » : donc, faites la cour à la femme dont votre amante est la plus jalouse, « buvez du champagne en bonne compagnie ». Les femmes orgueilleuses ou pudiques peuvent être choquées par la jalousie de leur amant, une femme fière peut en éprouver de l’orgueil, d’autres peuvent y voir une preuve d’amour. Mais une femme se sent avilie d’être jalouse, ou se croit ridicule, devenue la risée de son amant. (10)


3-) La société

Dans le couple, la liberté sexuelle n’est toujours pas contestée à l’homme, et dépend toujours pour les femmes de leur pouvoir : les Mémoires du duc de Saint-Simon fourmillent d’exemples. Ainsi ce seigneur qui « vivait très bien avec sa femme, mais ne voulait pas tomber dans le mépris du bel-air en n’ayant d’yeux que pour elle », car un vrai homme doit avoir des aventures. Quant à la duchesse de Ventadour, « beauté si pure que je ne saurais en donner l’idée », elle se met au service de Madame pour échapper à son mari et retrouver « son plus que très intime ami » le maréchal de Villeroi. Mme de Montespan a un appui encore mieux placé, et réussit à se débarrasser de son mari renvoyé dans son domaine de Guyenne après un passage à la Bastille.

Au XVIIIè siècle, les aristocrates, et les bourgeois qui les imitent, ne fondent toujours pas leurs couples sur l’exclusivité sexuelle. Ainsi le mari de Mme d’Épinay conseille à sa femme, amoureuse de lui, donc « collante » : « Il faut vous dissiper. Voyez le monde, entretenez des liaisons, enfin, vivez comme toutes les femmes de votre âge (…). C’est le seul moyen de me plaire, ma bonne amie ». La vie sentimentale ne se recherche pas dans le couple conjugal.

Au XIXè siècle, les affaires d’infidélité sont plus financières que sentimentales, et un constat d’huissier pour adultère n’est pas amené par une simple peine de cœur.

La jalousie reste donc encore dans la sphère des liaisons amoureuses.


4-) Les fictions

Elles ne vont pas beaucoup plus loin que l’énoncé de la souffrance du jaloux, et le récit de sa vengeance, comme pour Phèdre, jalouse d’Aricie parce que c’est elle qu’Hippolyte aime, ou Roxane jalouse d’Atalide. Pour le mari jaloux, on retrouve l’homme plus âgé, non aimé, et donc se méfiant de tout et de tous, comme Bartholo dans Le Barbier de Séville. Le roman de Maupassant, Une Vie, peut être considéré comme représentatif : l’héroïne, épouse bafouée, accepte d’être trompée parce que c’est la vie, que sa mère l’a été, que son père l’a été ; au contraire, le comte de Fourville, amoureux passionné de sa femme, devient fou quand il apprend qu’elle a un amant, et tue les deux complices.

La jalousie est un ressort narratif, elle n’est pas intéressante en soi, et le personnage jaloux reste schématique et stéréotypé, totalement prévisible.


Conclusion


D’Ovide à Stendhal, la jalousie est un mal inévitable dont il faut s’accommoder au mieux, sans plus. Le côté positif de la jalousie divine, exposé dans la Bible et étudié par le Moyen Âge, ne convainc pas. La psychologie complexe du jaloux fascine bien le Moyen Âge, mais est négligée par les époques postérieures, plus sensibles à la grandeur d’âme de celui qui domine la passion, au panache de qui se joue de la jalousie.

Au seuil du XXè siècle, le jaloux redevient intéressant et Proust lui consacrera une des études les plus fouillées de la littérature, soit en analysant les affres de Swann manipulé par Odette, soit en suivant les moindres méandres des raisonnements du héros torturant Albertine et en faisant sa « prisonnière ». Il aura beaucoup d’émules, notamment André Maurois, avec Climats, incontournable roman de la jalousie amoureuse. C’est que l’amour a pris une place prépondérante dans le couple, les historiens situant vers 1890 le moment où, en France, les mariages d’inclination personnelle deviennent plus nombreux que les mariages arrangés par les familles. De fait, la grande majorité des couples sont donc maintenant des couples d’amoureux, ce qui redonne une grande importance aux problèmes de la fidélité, et aux réactions de jalousie. En effet, le désir sexuel et le sentiment amoureux sont, comme les anciens l’ont répété jusqu’au XVIIIè siècle compris, beaucoup trop fragiles et variables pour pouvoir fonder sur eux un couple durable : les problèmes ne peuvent que surgir, et la jalousie se voit offrir un champ d’activité plus vaste que jamais.




Bibliographie

  1. La Bible : les citations sont tirées de la traduction œcuménique, Le Livre de Poche, 1997.

  2. ABÉLARD, Héloïse et Abélard, Lettres et vies, Garnier-Flammarion, 1996.

  3. AELRED de Rievaux, Mirror of charity, Cistercian Publications, 1990.

  4. BOSWELL John, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité, Paris, 1985 (Chicago, 1980).

  5. Flamenca, in Les Troubadours, tome I : L’œuvre romanesque, texte et traduction par René Nelli et René Lavaud, Tournai, 1966.

  6. Guillaume de Lorris et Jean de Meung, Le Roman de la Rose, édition, traduction, présentation et notes par A. Strubel, Paris, 1992.

  7. MARIE DE FRANCE, Lais (1160), GF-Flammarion, 1994.

  8. MONTAIGNE, Essais, Bibliothèque de La Pléiade, Gallimard, 2007.

  9. OVIDE, L’Art d’aimer, Belles Lettres, Le Livre de Poche, 1960.

  10. STENDHAL, De l’Amour (1822), Garnier-Flammarion, 1965.

  11. Tristan et Iseut : Les poèmes français – La saga norroise, Le Livre de Poche, 1989.

  

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